MORALIA
Notes & images from the field, 'raw' data and
reflections on lives - damaged or not.
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Does mass inter-ethnic violence permanently reduce inter-ethnic trust, or does inter-ethnic trust (fully) recover? And, if so, what is driving the recovery process? I am currently working on these questions together with Marijke Verpoorten. In doing so, we are mapping changes in the self-reported levels of inter- and intra-ethnic trust on a scale from -5 (lowest) to +5 (highest). The animations below capture these changes over time for the case of Burundi (inter-ethnic trust) and Rwanda (comparing intra-ethnic with inter-ethnic trust). More info can be found in a working paper RURAL RWANDA – Interviews 2007-2011 (redacted & edited)
Je suis né en 1965 à […], l’ancienne Commune de […], Préfecture […]. Actuellement, c’est le Secteur […], Cellule […], District […], Province […]. Je suis me mariée en 1987 et je me suis établi ici avec mon mari qui après, a eu d’autres mariages avec deux femmes qui vivent à 300m d’ici dans presque le même enclos sauf qu’elles vivent dans deux maisons séparées. Je suis cultivatrice, mère de 5 enfants. Nous étions réfugiés dans l’Ex-Commune de […] vers les années 1992 et 1993, la deuxième fois, nous sommes allés au CONGO, c’était en 1994 -1995, à la troisième fois nous sommes allés dans un camp de déplacés qui se trouvait dans l’Ex-commune de […], c’était entre 1997-1999. Au moment de la fondation du foyer, notre situation économique était moyenne. Nous étions capable de travailler, nous n’avions pas beaucoup d’enfants et voilà pour le moment, il y a 5 enfants qu’on doit prendre en charge. En 1991, les militaires sont arrivés des volcans et ils ont descendu jusque dans ville de RUHENGERI. Ils n’ont pas tué les gens, après avoir ouvert la prison de RUHENGERI, ils ont retourné dans les volcans. Nous n’avons pas pu travailler car il y avait peu de sécurité. En 1992-1993, ici, c’était devenu une zone tampon, comme il y avait des combats, on nous a demandé de nous déplacer vers la commune de […]. On était dans un camp de déplacés à […]. En 1994-1995, nous sommes allés au Congo, nous étions dans les camps de refugiés. C’était le PAM qui nous donnait de la nourriture et la Croix-Rouge aussi était là pour nous faire soigner. Nous avons retourné en 1995. Après être arrivé, notre maison était toujours là, nous l’avons occupée de nouveau. Entre 1997-1999, nous avons encore retourné dans les camps de déplacés. C’était pendant la guerre des infiltrés nous sommes allés au bureau de la commune […]. C’était dans cette guerre des infiltrés que ma mère avait été tué par les militaires d’aujourd’hui (FPR). Après avoir quitté le camp, nous nous sommes installés dans l’UMUDUGUDU (agglomération) et après deux ans, on nous a dit de retourner là où nous habitions avant la guerre. A ce moment là, on avait détruit notre maison. Ce sont les militaires qui l’ont détruite. Parmi les autorités, il y avait ceux qui ont donné l’autorisation de tuer les gens. Le mot « tutsi » je l’attends toujours quand les autorités collectionnent les aides et les Assistance pendant la période de la « Mémoire du Génocide ». Ici, nous n’avons pas eu des Tutsi si même nous essayons de contribuer, et nous le faisons avec bon cœur, nous ne connaissons pas de Tutsi. Pour te dire que j’ai de bonnes relations avec eux : est-ce que on peut être en conflit avec celui qu’on ne connaît pas ? Nous sommes ces premiers à terminer (clôturer) GACACA. Parce qu’ici il n’y a pas eu de Génocide. Personne n’a été en prison à cause d’avoir participé au massacre des Tutsi, franchement, nous n’avons pas de Tutsi rescapés parce qu’il n’y a pas eu de massacre. Je ne sais pas où ils habitent ces Tutsi dont tu parles. A […], (ancienne cellule), nous sommes une communauté homogène. Nous nous appelons des Hutu, mais jamais des non-rescapés. Pourquoi ce mot qui semble avoir son plein sens surtout où il y a eu les meurtres, les massacres et le génocide. Si non-rescapé veut dire Hutu, permettez- moi de vous dire que je n’ai aucun problème avec les Hutu, ils sont ma famille, mes amis et mes voisins. Ils ont confiance en moi et j’ai confiance en eux. Pour moi, avoir confiance en quelqu’un veut dire lui céder un avantage supérieur aux attentes et promesses aléatoires. Peu importe l’issue de ce qui va se réaliser, on accepte et on prend le risque de perdre peut être matériellement toutefois en récupérant au niveau des aspects relationnels et humains. C’est ce qui se fait quand les gens se prêtent et empruntant de l’argent, ... se donnent des cadeaux. C’est facile pour moi d’avoir confiance parce que je n’ai connu aucun antécédent ou expériences fâcheux avec eux (déception) seulement, ceux qui ont dû affronter la déception et l’amertume suite à la méfiance et à la malhonnêteté, semblent se décharger de leur état sur moi et n’ont pas confiance en moi. Ils ont peur de renouveler les déceptions. J’ai la confiance envers les voisins, on est toujours ensemble, on collabore, s’il y a quelqu’un entre nous qui a rencontré un problème, on se met ensemble pour voir comment on peut lui aider. Comme je vois la confiance envers les autres, actuellement, il n’y a pas de groupe de gens en qui je n’ai pas de confiance. Ici je pense qu’il y a seulement une femme Tutsie, j’ai de la confiance envers cette femme et elle aussi elle a de la confiance envers moi. Ce n’est pas moi seule qui a de la confiance envers cette femme, c’est tout le monde. Depuis l’an 2000, j’ai opté de rester à ce village, c’est ici que j’ai des amis et des relations de parenté. Je suis dans l’âge avancée, je n’ai pas voulu aller loin de la maison. De plus je suis une femme qui doit à tout prix se soumettre au bon vouloir de son mari. Mon mari lui aussi reste ici à la colline. La toiture de ma maison était en mauvais états. Le toit de ma maison laissait entrer la pluie. Quand il pleuvait je n’avais nulle part où me protéger contre les intempéries. Je ne pouvais pas dormir et m’inquiétais trop dans les conditions lamentables. Au cours de ces dix ans, j’ai pu renouveler la toiture de cette maison. Les tôles étaient très vieilles et ne pouvaient pas à me protéger contre la pluie. En 2008, quand ma chèvre a mis bas deux chevreaux, j’ai vendu deux autres grandes chèvres au prix de 30.000FRW. La maison entière allait tomber sur moi, sous l’effet de l’humidité parce que la toiture était en déconfiture totale. En 2010, j’ai dû vendre quatre chèvres, un porc et 4 moutons afin de couvrir les dépenses en tôles. J’ai sauté sur cette opportunité pour acheter en tout 22 tôles en recourant à 60.000FRW épargnées au cours de la vente de bière de banane. Malheureusement, je ne peux pas renouveler cette prospère activité parce qu’il n’y a plus de bananeraie à cause de la mosaïque qui a décimé les variétés essentielles à la production du jus depuis l’an 2008. J’ai pu acheter 22 tôles (+ 100.000FRW) et j’ai été dans une maison qui cette fois-là me protégeait contre les aléas climatiques (pluie, vent froid…). Comme les chèvres ont été les moyens de ressources financières, je m’inquiète de plus en plus de comment je pourrais avoir encore du cash. De surcroît, je ne parviens plus à compter sur la production de la bière de banane, étant donné que les bananeraies ont subi les maladies et elles ont disparu. Depuis 2004, j’ai fourni plus d’effort dans mes activités d’achats de bananes. J’en produisais la bière locale que je revendais au détaillant, malheureusement cette activité s’est brusquement arrêtée en 2008. Vers 2007, nous étions très pauvres, pas de bétail, pas de champs pour cultiver, nous n’avions pas d’argent pour acheter tout ce que nous avions, besoin. Il fallait que je cultive les champs de mes voisins pour me donner 300F/jr. Il y avait une grande différence entre cette situation et celle d’avant la guerre, après la guerre, la terre ne pouvait pas donner une bonne récolte, les enfants avaient grandi, mon mari aussi s’était marié avec une deuxième femme, c’est moi seule qui devais prendre en charge tous ces enfants Nous mangeons n’importe quoi. Nous ne tenons pas à la qualité. Nous ne disposons pas assez de terre. Rappelle-toi que nous sommes trois femmes qui ont en commun un seul mari. La première femme a eu avec mon mari 7 enfants et j’en ai 5 enfants. Le plus petit de nos enfants a 11 ans. En tout, sans compter les champs qui appartiennent aux coépouses, j’ai cinq champs éparpillés ici et là. Leurs superficies ne totalisent pas 1 hectare. Ils ne sont plus fertiles car ils ont été si longtemps exploités. A la saison culturale (la très bonne), je peux récolter 1 sac de haricot et 1 sac de sorgho. Quelque fois, je récolte encore 60 kg de maïs. Je nourris 5 enfants. Ce qui veut dire que la production agricole du ménage est moins suffisante pour couvrir tous les besoins alimentaires raisons pour lesquelles, je dois recourir aux travaux journaliers au champ des voisins. La rémunération journalière équivaut 800FRW quand l’on est dans des projets gouvernementaux tels que la semence sélectionnée en cultivant ou en mettant dans le germoir la pomme de terre qui servira de semence à la prochaine étape. Le travail journalier au champ chez le voisin est payé en concurrence de 500FRW ou 600FRW selon qu’on a dû prolonger les heures de travail jusqu’à 15 heures. La journée de travail commence à 7 heures du matin. Le Kilo de pomme de terre coûte 120FRW. Si nous avons du haricot dans ce ménage, nous le mélangeons avec 5kg de pommes de terre à chaque repas (midi ou soir). Nous sommes 6 personnes mais seulement 3 personnes sont à mesure de participer aux travaux de champs. Les 3 autres sont de jeunes étudiants. Avoir assez de nourriture est un grand défi familial. Actuellement [2011] J’ai 1 mouton et 3 chèvres. Ces animaux jouent un grand rôle dans l’acquisition des droits au service de santé via les cotisations à la Mutuelle de santé. La vente d’une seule chèvre suffisait à couvrir tous les frais recommandés. Depuis que j’apprends que l’on va majorer les frais de cotisations [en 2011] en payant 3.000FRW par personne, je commence à trop m’inquiéter. Pour avoir 18.000FRW pour couvrir toutes les cotisations de tous les membres de la famille, je serai contrainte de vendre tout le stock alimentaire (haricot,… quelques graines : maïs et sorgho…) Ces arrangements vont finalement aggraver l’état de santé, voir même économique faute d’avoir de l’assurance quant à la nourriture indispensable pour récupérer l’énergie de production au quotidien. Quoiqu’il en soit, si les idées du Gouvernement se concrétisent, le processus d’une mort lente sous les peines et les douleurs sera amorcé. Nous passerons de plus longues et pénibles journées aux champs des voisins. Affaiblies et affamées, les vieilles mamans comme moi seront les premières victimes pour mieux finalement trouver du secours à demi-mesure chez le médecin qui prescrira les comprimés dans le ventre vide ! Autant te dire que si les autorités ne changent pas de décisions, la « mutuelle de santé» tuera plus qu’elle ne sauvera des pauvres paysans. Depuis qu’on a arraché nos plantations de sorgho pour planter le maïs l’année passée en 2010 et après avec l’idée de faire l’extension de la pomme de terre, je me sens de plus en plus en incertitude et dans l’insécurité. La sécurité pour moi, c’est avoir assez de nourriture et logement décent. La sécurité c’est aussi vivre en harmonie avec les voisins. Je ne me sens pas de sécurité parce que je suis pauvre, au lieu de dormir, je pense à l’avenir de mes enfants, je ne suis pas à l’aise. A propos de la sécurité dans toute la région, il y en a sauf que pour le moment il y a des voleurs qui embêtent les gens. Le pauvre paysan n’est pas à mesure de produire les pommes de terre. Il faut un minimum d’investissement de 50.000FRW même dans un tout petit champ (25 m sur 25 m), par exemple la semence sélectionnée à la saison culturale coûte 300FRW. Vue que la saison précédente, la culture de pomme de terre n’a pas été pratiquée, et que les fugitifs efforts et tentations de cultures en dehors des prescriptions des autorités sont là tout simplement pour couvrir les besoins très pressants du ménage en nourriture, il n’est pas du tout possible d’avoir la semence à un prix équitable (je comprend ce phénomène en parallèle avec la loi de l’offre et de la demande) c’est tout un village, une Cellule qui a besoin de la semence non disponible. Les politiques agricoles doivent être révisées. Elles ont certains aspects incontournables pour accroître la production mais il y a les paramètres à maîtriser pour accroître l’efficacité. Les interférences des politiques agricoles peu pensées (réfléchies) et mal ajustées aux concepts actuels de survie dans le milieu rural. Pourquoi obliger le paysan à semer seulement pour approvisionner les usines des riches ou des commerçants qui sont en connivence avec les représentants politiques ? La représentation politique, c’est avoir les autorités politiques, administratives qui défendent le bien public et se soucient d’éduquer la population en leur octroyant les opportunités de rencontres enrichissantes (réunions, formations, communications radio, télévision) et qui élargissent leur niveaux de conscience sur les réalités qui les attendent. La représentation politique doit compter, pour asseoir sa légitime autorité, sur la concertation, le dialogue plutôt que sur l’autoritarisme. La représentation politique signifie que la population doit avoir l’autorité qui la dirige c'est-à-dire qui doit suivre leur vie, la sécurité etc. Actuellement nous avons les autorités que nous avons choisi nous-mêmes. Il y a celui qui est chargé de la sécurité, celui qui est chargé du redéveloppement alors s’il y a un problème, ce sont des autorités qui doivent se mettre ensemble pour chercher la solution. Depuis l’an 2010, elles mettent en doute mes ressources naturelles de production. Je ne suis pas à mesure de me procurer la semence de pomme à 300FRW/kg. L’année passée, je risquais de perdre toute une saison culturale faute de semence. Le pauvre risque de s’éterniser dans sa pauvreté et les riches auront plus d’opportunités d’exploiter le misérable qui lui cède ses champs. Avant, nous avions le système traditionnel de complémentariste qui mettait en valeur les ressources disponibles. Le paysan qui avait ses bras et la semence engageait le partenariat avec le propriétaire terrien en cultivant ensemble pour enfin se partager la production. Celui là qui n’avait pas de semence (haricot ou pommes de terre) tout en disposant de la terre, avait un labeur moins coûteux de la part de son ami ou voisin qui acceptait de se mettre à sa disposition pour les journées de travail ensemble. Quand nous avons manqué la semence de pomme de terre suite à l’introduction de la culture de maïs sur des larges étendues, la complémentarité traditionnelle a perdu de son éclat. Celui-là qui était à mesure de s’acheter la semence sélectionnée à 300FRW/kg, avait aussi les moyens de louer les champs du pauvre paysan ne disposant pas de moyen pour être en ordre avec les directives agricoles. Le riche a alors plus de choix quand le pauvre à tout prix veut céder la moitié de sa parcelle afin de pouvoir avoir quelque kilo pour planter l’autre moitié. Le pauvre paysan, a un dernier recours en louant ses journées de travail dans son propre champ pour au moins ne pas passer toute la journée les mains croisées. Les gens qui partagent les mêmes conditions de vie à des sphères et degrés supérieurs de richesse ne manqueront pas à contraindre le pauvre paysan à toutes ses peines au moment où les relations de complémentarités et de cohésion sociales se détériorent. Quand la pauvre tourne le dos à un autre pauvre, il devient un appât facile, il est exploité à merci par le riche. Je souhaite que j’achète les champs et les chèvres, je souhaite encore que mes enfants fréquentent dans les écoles secondaires mais s’il n’y a pas de la sécurité dans le pays, ce sera très difficile d’avoir un bon avenir. Je souhaite que l’avenir soit comme aujourd’hui : je peux travailler, manger et recevoir un visiteur. La santé peut être un handicap pour perpétuer ce plaisir d’aujourd’hui, je commence à sentir les faiblesses physiques. Je ne peux rien prédire de mon avenir. En réalité, s’il y a la sécurité je ferai tout mon possible pour que mes enfants aillent dans les écoles secondaires, alors mes enfants pourront avoir un bon avenir et les politiques agricoles auront changées. ewerken. RURAL RWANDA – Interviews 2007-2011 (redacted & edited)Je suis né en 1952, à cette époque c’était la Préfecture de […], Commune […], Secteur […]. Aujourd’hui, c’est la Province du […], District de […], Secteur […]. J’habite ici (dans […]) depuis 1985. Je suis venu à la recherche de meilleures conditions de vie. Surtout, je visais un bon champ parce celui de […] était infertile. J’ai fondé mon premier foyer en 1977. Et comme mon épouse a été victime de génocide, je me sus remarié en 1994. J’ai vécu au […] de 1994 à 1997. Je suis sans enfants car tous mes enfants ont été tués à […] pendant le génocide. Je ne me déplace d’ici que dans le but de rendre visite aux amis et connaissances pour revenir aussitôt possible. Ma vie est bien satisfaite grâce à l’exploitation de mes champs. Point besoin d’aller ailleurs.
En 1971, j’ai été engagé au dispensaire comme secrétaire, je remplissais les fiches et donnais des médicaments aux malades. Je n’ai pas pu faire les études à cause du divisionnisme qui était là. Je ne les aimais vraiment pas (les hutu). En 1973, il y a eu une grève, ça a commencé dans les écoles secondaires. Certains ont fui vers le Burundi, mais moi j’ai tenu. Il y avait la guerre et beaucoup de Tutsi fuyaient vers le Burundi. En 1975, j’ai été licencié parce qu’on commençait à embaucher les gens qui ont fait des études. En 1977, en me mariant, la situation était très difficile, même pour trouver à manger c’était difficile. Je me suis marié en 1977, j’avais assez de champs mais qui ne donnaient pas bien. J’ai alors pris la décision de déménager en 1985. J’avais 4 enfants à ce moment-là. Quand je suis arrivé ici, on ne m’a pas donné de parcelle, mais je louais les parcelles des autres et je récoltais beaucoup. Quand je suis arrivé ici, il y avait à manger, la pluie tombait en abondance. En 1978, il y a eu des élections et les gens de […] n’ont pas voté pour Habyarimana car les Hutu de […] l’accusaient de favoriser les Tutsi. Pour nous qui étions près de la frontière, au temps de Kayibanda, nous ne pouvions pas aller de l’autre côté de la frontière, mais avec Habyarimana nous étions libres, nous pouvions aller voir nos frères au Burundi et eux pouvaient venir nous voir. En arrivant ici en 1985, je faisais confiance aux miens, c’est à dire les Tutsi. La confiance prend ses racines dans l’utilité réciproque. Sans intérêt, sans utilité il n’y a pas de confiance. Les bonnes actions qui anticipent la réciprocité, mais encore désintéressées sont gage de confiance durable. Ma confiance se base sur ces deux premiers éléments ci hauts dits. Ce n’est pas facile d’avoir confiance en des hommes. Même la Bible dit « HAVUMWE UWIZERA UMWANA W’UMUNTU = Maudit soit celui qui veut avoir confiance en fils de l’homme ». Je n’ai pas confiance en des gens qui parlent sans pour autant concrétiser leur parole. Les menteurs, les hypocrites font cas de cette classification. Moi [pour le moment] je n’ai pas beaucoup de confiance aux tutsi, ils sont devenus très avares, ils cherchent beaucoup de bénéfices, ils mentaient aussi dans le Gacaca, mais les juges étaient là pour découvrir leurs mensonges. Ils ne parlaient pas en même temps, et on pouvait facilement découvrir leurs mensonges. Ce groupe lui aussi a parmi ses membres quelques éléments qui ne veulent pas souscrire à la politique de l’unité et de la réconciliation pour se venger via les fausses accusations. Parmi les Hutu, il y a quelques individus, ils ne sont pas nombreux mais qui ont encore l’idéologie génocidaire. En 1990, avant la guerre, la situation était bonne même si je n’avais pas encore ma propre parcelle. Je commençais à m’habituer aux gens d’ici, je partageais tout avec tout le monde. La confiance signifie l’unité et la réconciliation, les gens qui ont la confiance entre eux partagent tout. Le niveau de confiance des gens de ma communauté n’est pas très élevé, les gens ne se disent pas la vérité. Ce manque de confiance est une conséquence de la guerre. Avant la guerre la situation n’était pas la meilleure du monde, mais elle était meilleure que celle d’aujourd’hui. On ne peut rien faire pour restaurer la confiance, mais si on continue à parler de l’unité et de la réconciliation, on y arrivera. Il faut signaler que la méfiance ne finira pas de si tôt. Je pense que le Gacaca allait dans ce sens, mais ça demandait que les gens disent un peu plus de vérité. Dans le Gacaca d’ici, on ne disait pas la vérité. Ce sont surtout les accusés qui cachaient la vérité. Dans n’importe quelle circonstance, il était difficile d’avouer. Imaginez-vous combien il était difficile d’avouer qu’on a tué. Depuis que le Gacaca a commencé, je n’ai vu que quelques personnes qui ont réellement avoué, les autres ne voulaient pas avouer ou avouaient une partie et disaient que ce sont les autres qui ont fait pire. En 1991-93, au moment des partis politiques, il n’y a pas eu de perturbations au niveau économique. J’ai passé 4 mois en prison en m’accusant d’être complice du FPR. Au moment des partis politiques, beaucoup de Hutu étaient du MDR, les Tutsi se partageaient entre le PL et quelques autres allaient dans le MRND. En 1994, au moment du génocide, j’ai tout perdu, je suis resté seul. J’avais 6 enfants. A ce moment-là, ma mère qui était restée à […] venait de mourir, toute la famille était partie pour le deuil, et a été tuée là. Moi aussi j’étais là, mais j’ai pu me sauver en passant par le Burundi. Pour moi, être en sécurité, c’est la jouissance d’une solide santé, avoir accès à la nourriture pour ma famille, être sûr que je suis bien intégré dans ma communauté grâce à la bonne représentation des autorités qui me rassurent dans ma démarche vers le développement. La sécurité signifie le bien-être dans les relations entre les gens, quand on est bien chez soi et qu’on a les bonnes relations avec les voisins, on est en sécurité. Après la guerre, j’ai passé quelques années au […] (1994 – 1997) où je me suis marié avec ma deuxième épouse. En 1995, j’avais presque perdu la tête et je ne travaillais pas beaucoup. Je suis revenu ici en 1997 après que les maisons avaient été construites. Depuis que je suis revenu, la situation s’améliore, j’ai même pu m’acheter ma propre parcelle en 2006, cette parcelle mesure deux ha. En 2000, il y avait la famine, on vendait un vélo pour acheter à manger. Trop de référence à l’ethnie de Tutsi pour mieux être accepté dans leur communauté à cause du génocide commis à leur encontre. Quant aux Hutu la situation de l’idéologie génocidaire était en pleine mouvement de campagne. En 2001, à partir de deux vaches, qui se maintiennent à ce nombre au cours des années, je suis heureux de te dire que j’ai l’occasion de vendre deux vaches chaque courte durée d’une année. Je le fais pour évite la surpopulation bovine alors que je n’ai pas assez de pâturage et de force pour m’en occuper. Au cours de ces dix ans, j’ai bien récolté du lait et du fumier et encore j’ai eu le cash grâce à ses ventes ponctuelles de progénitures. Je n’ai pas en moins de 800000 Frw y compris le produit laitier. Ce revenu est une aide supplémentaire appréciable pour l’agriculture, les frais de scolarité et d’autres subsides et besoins en famille. J’ai amélioré mes conditions de production de revenus. J’ai recommencé l’élevage et mes champs ont été fertiles parce que j’avais de l’engrais. Après les premières élections du Président KAGAME, la représentation politique a été plus efficiente et proche des désidératas du citoyen. La représentation politique signifie qu’il y a une autorité qui cherche le développement du peuple. Les gens qui sont bien représentés connaissent leurs droits et s’acquittent de leurs devoirs. La représentation politique veut dire avoir l’administration publique près de soi (décentralisation). Le citoyen représenté a la liberté et la jouissance de ses droits dans son quotidien. A titres d’exemple faire ce qu’il veut dans les limites prescrites par la loi sans l’injonction de représentation politique parce qu’il y a quelques caprices ou autoritarisme. La représentation politique s’éloigne de toute tentative de corruption et une efficace planification et gestion des projets de développement qui intègrent les plus démunis. La bonne représentation politique devrait appliquer les décisions selon l’hiérarchie de pouvoir pour mieux parer aux contradictions néfastes éventuelles comme celle récemment entre MINALOC et les instances de base qui se concordent pas sur la politique de « BYE BYE NYAKATSI = Au revoir, maison en paille ». Les instances de base dans la précipitation ont porté préjudice à l’autorité supérieure. Dès lors, [en 2007] le manque de dialogue entre les dirigés et les dirigeants, le retard dans le redressement et la correction des mauvaises décisions ont aggravé l’écart entre les représentants politiques et les attentes réelles d’être compris de la part des citoyens. Bien que « BYE BYE NYAKATSI » n’a pas et ne sera pas un défi de malentendu politique, il n’est pas moins l’arrogance de l’autoritarisme. En 2006, les rescapés se sont décontractés lors de leurs témoignages et n’ont pas repris les fausses accusations des années précédentes. Les fausses accusations ont été de mise pour ceux qui voulaient s’enrichir sans cause et encore, ce qui est louable, ils ont été hormis et découragés par leurs confrères qui voulaient plus que le dédommagement la restauration de la vérité sur les crimes commis. Les aveux de culpabilité sincères de ceux qui ont été criminels ont libéré mon cœur pour anticiper le pardon é leur communauté globale des Hutu pour ne plus la soumettre aux crimes commis par certains membres de leur familles. J’ai reçu la grâce de Dieu, je ne connais personne qui a tué les miens, mais si le les connaissais, je leur pardonnerais. Mais j’ai des gens intègres à qui je fais confiance. Ce sont surtout des gens qui prient avec moi à l’ADEPR (Association Des Eglises Pentecôtistes au Rwanda). Les événements novembre 2006 [tueries dans le village], n’avaient aucune relation avec Gacaca. Ils étaient dus à cette idéologie qui caractérise certaines personnes. Actuellement c’est fini, celui qui a fait ça a été arrêté. Il n’y a aucun problème avec les gens de la localité où ces événements ont eu lieu. Celui qui a commencé a tué une personne, les parents de la victime ont organisé une vengeance et ont tué 7 personnes sans distinction, en commençant par le premier Hutu rencontré. Les Hutu ont eu peur et se sont réfugiés dans les cellules environnantes. En 2007, la situation économique était moyennement bonne, nous avons eu assez de pluie et nous avons pu récolter, on mangeait sans devoir aller au marché. Je vivais de l’agriculture, j’avais assez de champs et j’élevais aussi une vache. Je n’étais pas riche mais je vivais de mon travail. La situation économique de 2007 était bonne, elle n’avait rien de comparable avec celle du début de mon foyer. A cette époque j’avais assez à manger, de façon qu’il m’arrive de vendre au marché. Au jour le jour, j’oubliais les désastres du génocide et je m’habituais. Les rescapés étaient prêts à pardonner les bourreaux de leur famille. Actuellement [2011] grâce aux travaux d’intérêt communautaire [TIG - peine alternatives à la prison] et à la réforme de la loi régissant gacaca, les génocidaires ont été encouragé à avouer leurs crimes. Ils l’ont fait et ça m’a rassuré dans le sens que le « plus jamais ça » avait plus de chance d’être réelle parce que les potentiels auteurs des crimes dans l’avenir venaient de renoncer et de promettre qu’ils ne récidiveront plus. Les gens qui étaient en prison qui n’ont rien fait ont eu beaucoup de mal, le Gacaca jugeait les gens qui ont avoué, alors que pour les autres, ils ont été emprisonnés en 94-95 quand on emprisonnait tout Hutu. Le temps est son œuvre ! Par exemple, aujourd’hui [2011] les HUTU participent massivement à l’effort de réconciliation sur nos villages. Ils ont encouragé les TUTSI à accepter de marier leurs filles à leurs fils. Alors qu’avant c’était impossible. Et comme les années passent, les HUTU prennent de plus en plus que « la mémoire des victimes du génocide » est une affaire de citoyen plutôt que l’assimiler à l’appartenance à la communauté des TUTSI. Donc avec le temps, les choses iront de mieux en mieux. Le citoyen avait compris sa représentation politique qui pour par ce faire celle-ci avait fait un pas de plus dans l’exécution des programmes et des services qui satisfont les besoins réels des hommes réels surtout au village. UBUDEHE, GIRINKA sont des programmes sans contestation qui ont eu de l’attrait pour la majorité de la population. En 2008, j’ai subi une très grosse perte (mort) de deux vaches frisonnes. J’estime la perte à 1.000.000Frw. Depuis lors, je ne pense plus à renouveler cet élevage de vaches frisonnes. Nous préférons le croisement avec la race locale pour mieux adapter notre élevage aux conditions réelles de notre environnement et de nos moyens. Cette race est pour des gens très riches qui sont à mesure de se procurer des produits vétérinaires qui sont hors de notre portée en tant que simple paysan. Je me suis remis de cette situation pénible précédente parce que mes vaches de race locale on mit bas au cours de l’année suivante. Je vis avec ma deuxième femme. Je n’ai pas eu d’enfants après le génocide. J’ai perdu 6 enfants avec mon épouse. Je m’occupe actuellement de 3 orphelins dont je suis oncle et ma femme, tente paternelle. Le plus grand a 20 ans, le suivant 12 ans, le dernier a 10 ans. Notre activité principale est l’agri-élevage. J’ai un champ de 2 hectares moyennement fertile parce qu’elle ne supporte que le manioc, la patate douce, et la bananeraie. Chaque mois comme solution de rechange, je loue d’autres champs à l’extérieur, au moins 3 parcelles pour payer chacune 15000frw. Chaque parcelle est susceptible de produire 1 sac de haricot et 3 sacs de sorgho. Pratiquement il y a du gain. Actuellement [2011], 1 kg de haricot coute 400Frw. Ce qui veut dire qu’un seul sac de haricot est à mesure de louer 3 autres parcelles sans compte qu’é coté du labeur bien sûr fourni, il y aura 3 sacs de haricots et 9 sacs de sorgho à la fin de la bonne saison. Si certains préfèrent céder leurs champs aux locataires, souvent c’est à cause du manque de moyens matériels ou manque de forces. Les plus grandes opportunités de location proviennent des rescapés qui ont opté pour quitter les lieux de naissance parce qu’ils ont été adoptés par des familles qui sont dans des centres urbains. Certains parmi ces jeunes rescapés ont eu d’autres belles occasions qui les ont rehaussés dans les sphères intellectuelles pour ne plus se préoccuper des travaux champêtres. C’est pour cette raison que ces rescapés confient la gestion de leur patrimoine indirectement à des paysans qui n’ont pas assez de terre sous contrat de location. Les formes et les modalités de locations sont diverses selon les conventions. Il y a eux qui apportent de la semence et le labeur pour partager la récolte avec le propriétaire. Il y a d’autres qui contractent moyennant le prix précis en argent. Je préfère la dernière modalité depuis 2001. Avant 2001, il était facile pour moi d’avoir les champs libres (gracieusement). Le système de partage de la récolte est plus profitable au propriétaire du champ toutefois en offrant les meilleurs opportunités au paysans sans cash et qui n’a que pour ressource se bras. Il va s’en dire que l’agriculture des tubercules, à savoir le manioc et la patate n’a d’utilité que pour répondre à la consommation familiale. L’abondance de ces produits a pour conséquence le prix décisoire étant très loin des centres urbains qui ont besoin de les consommer. Le marché potentiel est très minime vue que les gens qui viennent de loin appliquent le prix qu’ils veulent parce que nous sommes nombreux sur leur marché qui acceptent n’importe quel prix lieu de les retourner à la maison et les voir pourrir. 1 kg de patate peut varier entre 30-40Frw. Ordinairement dans ma famille comme dans mon entourage, nous n’avons pas la faim. Nous avons une pluviométrie moyenne et nous pouvons récolter au cours de deux saisons agricoles. C’est la saison B qui est très riches en récoltes de haricots et de sorgho, lesquels produits sont bien prises sur le marché local. Actuellement le kilo est respectivement 250Frw et 350Frw pour le sorgho et le haricot. Quant à mon élevage, que j’ai recommencé. J’ai 4 chèvres depuis l’an 2000. C’est possible de vendre entre 2 et 3 chèvres chaque année. Je n’ai pas d’autre assistance en dehors de mes possibilités d’exploiter l’agro-élevage. Sur mon compte bancaire, je ne dépasse pas 200.000Frw. Parce qu’j’ai d’autres dépenses très exigeantes à savoir les frais de scolarité pour les enfants. Appartenir à des tontines est très utile pour moi, car je parviens à collectionner des montants pas très importants mais quand même efficaces pour faire face à un besoin pressant. Il y a dix ans que j’adhère à deux associations –tontines. La première tontine qui à 15 membres me donne 100000Frw une fois par an. La deuxième a 36 membres et me donnent 150000Frw une fois par 3 ans. Quand il y a la pluie, nous avons beaucoup de travaux champêtres, il m’arrive de louer 4 ou 5 travailleurs journaliers dont le salaire par jour est 500 Frw. La durée peut varie entre une semaine et 10 jours. Le nombre de ces journaliers va en décroissant selon les exigences et les besoins en labeur. Ce n’est pas toujours évident de récupérer l’investissement en labeur surtout quand nous faisons face à la sécheresse. J’ai ce vélo et un poste de radio. J’ai le téléphone mobile. Mes deux vaches m’ont donné l’assurance en mes revenus financiers potentiels en mettent encore bas deux progénitures au cours de cette année. Je souhaite avoir la sécurité et la paix car elles sont à la base de tout. Je souhaite un foyer solide. J’espère que mon rêve pourra se réaliser car j’ai confiance en Dieu. Les hommes, eux, changent brusquement. Même si les dirigeants font quelque chose de bien, c’est grâce à Dieu. Je crois à ce dicton : « IBYIZA BIRI IMBERE = Les bonnes choses nous devancent ». Je suis vieux. « NDABYINA MVAMO = Je danse en sortant de la piste des cavaliers » mais je reste avec l’espoir que ma situation n’ira pas se détériorer. Je ne crois en aucun obstacle nous venons de loin (1994) pourquoi désespérer pour les 10 ans prochains ? RURAL RWANDA – Interviews 2007-2011 (redacted & edited)Je me suis née en 1947 à […]. Je me suis mariée en 1970, j’ai 5 enfants. Je suis veuve. En 1960, nous sommes venus ici à […] lorsqu’il y avait une opération de faire habiter les Tutsi ici alors qu’il y avait seulement des forêts. C’était un moyen de nous tuer tous ensemble. En 1973, nous nous sommes réfugiés au Burundi quand nous avons entendu que la guerre avait commencé à l’Université Nationale du Rwanda (Butare). Alors mon mari a décidé de se réfugier avant que les Hutu ne viennent nous tuer et brûler nos maisons. En 1980, nous avions une très bonne situation économique parce qu’on avait cherché de l’argent et on avait acheté des vaches. On cultivait dans les champs de l’Etat.
Au moment de la fondation du foyer on avait une situation économique moyenne, nous étions tous cultivateurs. En 1972, le jour de Noël, il est venu dans notre quartier (ici à […]) un véhicule à bord duquel, il y avait des militaires qui avaient une liste des jeunes garçons de notre quartier. Ils leur ont dit de monter dans le véhicule et aucun de ces garçons n’est revenu. Ils sont morts. En 1973, c’était grave parce qu’il y avait encore l’opération de tuer les Tutsi et de brûler leurs maisons, on s’est réfugié au Burundi, S’il n’y a pas de sécurité, c’est qu’il y a la guerre et pendant la guerre les gens meurent et les autres deviennent des réfugiés, alors on ne peut pas avoir un bon avenir dès qu’il n’y a pas de sécurité dans le pays. Nous sommes allés au Burundi et il y avait alors un changement de la situation économique. Il y avait une grande distinction entre les gens, c’est à dire que les Tutsi n’avaient pas de parole auprès des représentants. Etre représenté c’est avoir les autorités qui cherchent le développement et la bonne vie des paysans par exemple, les gens qui avaient les maisons en pailles, on leur construit les maisons en tôles, autre chose on nous a donné les moustiquaires pour lutter contre la piqure de l’anophèle, les bonnes autorités résolvent les conflits entre les gens sans inégalités. Celui qui est bien représenté n’a pas peur, car il sait qu’à n’importe quel moment les autorités sont là pour résoudre ses problèmes. Actuellement je suis bien représenté nous avons les autorités locales que nous avons votées, seulement nous qui sommes plus âgés nous souhaitons avoir l’aide provenant de l’état, on m’a mis sur la liste j’attends. Actuellement [2011] la population est bien représentée parce que ces représentants sont toujours au courant des problèmes de la population et les résolvent. On est bien représenté sous le pouvoir du président Kagame. En 1990, les Hutu ont menacé les Tutsi qui étaient au Rwanda. En 1992, on avait l’inquiétude parce qu’on disait que les Rwandais étaient pour le parti politique UPRONA qui a tué le président Ndadaye, alors on n’a pas travaillé comme il faut. Parmi les gens qui ont menacé les réfugiés il y avait des autorités. En 1993, pas de sécurité après la mort du président Ndadaye. En 1994, tous les gens de la famille qu’on avait laissée au Rwanda ont été tués pendant le génocide. On est retourné au Rwanda et nous nous sommes installés ici à […].Depuis l’année 2000 je n’ai jamais quitté ici. On a commencé les activités agricoles dans les champs qu’on avait laissés en 1973. Comme on habitait tout près de la frontière, on a pu amener toutes les vaches ainsi que les autres affaires qu’on avait. En arrivant au Rwanda en 1994 nous avions 8 vaches. En 2000, j’étais encore avec mon mari, même s’il y a eu la sécheresse mon mari vendait une vache et achetait les aliments, ici, nous n’avions pas de grands problèmes comme les voisins. Il y a eu la sécheresse, nous n’avions pas récolté les haricots et le sorgho car ils ont séchés à cause du soleil nous avons vendu au total 7 petites vaches pour trouver de l’aliment. Nous n’avons pas eu aucune aide comme les autres parents à qui on donnait le minerval et le matériel scolaire. J’avais confiance aux Tutsi mais pas totalement, il y a les gens parmi eux qui avaient de la jalousie contre nous. Avant, nous avions peur des Hutu, avant on se cachait même pour éviter qu’on se croise sur la route. Je pensais que je ne pourrais jamais avoir confiance envers les Hutu, puisqu’ils nous ont tués depuis longtemps. Actuellement [2011], je n’ai plus peur des hutu, il y a ceux qui cultivent dans mon champ et je leur donne de l’argent. [Mais], je n’ai pas confiance envers tout le monde. C'est-à-dire que je n’ai pas confiance envers les Hutu qui nous ont menacé depuis longtemps, pour les Tutsi, il y en a à qui j’ai confiance. 2001, il y a eu la pluie, mais nous avions déjà vendu nos vaches nous avons commencé à chuter dans l’élevage, mais en 2003, notre fils a commencé à nous donner un peu d’argent. J’avais un garçon qui était démobilisé de l’armée, il faisait le commerce de la bière non autorisée qui s’appelle « KANYANGA » en 2004, il a été tué par le soldat. Nous n’avons même pas trouvé son corps pour l’enterrer. Après son père aussi est mort en 2006, à cause de la maladie, il venait de passer toute une année étant malade du ballonnement du ventre, nous avons commencé ici à […], on nous a donné le transfert d’aller à […] nous y avons passé 2 mois, nous avons retourné ici, après 2 semaines, il était tombé malade encore une fois, nous avons demandé au Centre de Santé de […]de nous transférer à […], là-bas nous y avons passé 2 mois aussi et il est mort. J’ai dépensé beaucoup pour le faire soigner mais malheureusement il est mort. Lui il était l’agriculteur et éleveur, à cause de sa maladie nous avons vendu les 3 vaches que nous avions ici, nous restons avec une seule vache que j’ai acheté cette année, il y a 2 mois, car la première était vieille j’ai voulu la remplacer par une vache de la race améliorée. Les autorités ont commencé d’interdire d’amener les vaches au pâturage, c’est la cause principale de vendre toutes les vaches. Les 3 vaches que nous avons vendues avant, nous les avions ramené ici au Rwanda en provenance du Burundi car nous étions réfugiés là-bas, nous sommes venus ici au Rwanda en 1994 en Août. Avec ces vaches nous avions gagné beaucoup car nous avions le lait à boire et à vendre, nous vendions 2 litres par jour pendant 8 mois, et avant pour trouver le minerval de ma fille quelque fois nous vendions les petits et autre fois on lui avait volé son minerval en arrivant en 5ème année dans l’année 2007 nous avons vendu le petit pour trouver encore son minerval, même pour son commencement en 2001 nous avions vendu le petit. En 2007, ma situation économique était bonne parce que la terre qu’on cultivait était capable de donner une bonne récolte. J’avais aussi une grande plantation de bananiers qui me donnait assez d’argent. Mes enfants aussi me donnent de l’argent chaque mois. Nous avions la sécurité, sauf qu’au mois de novembre 2007, ici, un homme (hutu) a tué un jeune garçon qui était un Tutsi rescapé. Après ce meurtre les autorités sont venues pour les réunions qui disaient aux gens d’être calmes. A partir de cette opération, il y avait des militaires qui venaient tous les jours assurer la sécurité. Avoir la sécurité c’est passer la nuit sans bruits sur la colline, sans guerre, sans voleurs et c’est quand dans la maison, il n’y a pas de malades et quand on trouve à manger. Celui qui a la sécurité est à l’aise car il a la paix, il circule sans problème et il travaille sans problème pour chercher les moyens de nourrir sa famille Depuis l’année 2007, on a commencé à refuser la fraternité de mon mari en disant qu’on ne le connaît pas que je devrais leur remettre l’héritage de mon mari, le procès a commencé au niveau de la Cellule. Je suis dans un procès avec le fils du frère de mon beau-père, hier nous étions parti au tribunal pour entendre le verdict de notre procès qui a lieu le 4/03/2011, mais le juge était absent donc on n’a pas encore pu connaître le verdict, je ne suis pas posée pour le moment. Personnellement ce qui m’empêche de me sentir en sécurité, c’est ce procès qui dure depuis longtemps et aussi j’ai peur car ces gens sont plus riches que moi, ils peuvent donner l’argent pour pouvoir réussir. Je serai posé après connaître le verdict. La confiance c’est accepter les gens et collaborer avec eux. Les gens qui ont confiance entre eux se rendent visites, chacun entre dans la maison de l’autre sans peur ou sans doute qu’il ne va pas être accueilli convenablement, ils s’aiment ils partagent leur biens, ils partagent les aliments par exemple si quelqu’un a une vache qui donne naissance son voisin peut venir le demander du lait car il a confiance à lui. Nous qui sont plus âgés nous aimons avoir la confiance aux gens, mais il arrive que les gens nous déçoivent et comme ça la confiance cesse. Moi j’ai confiance aux gens excepte les gens malhonnêtes qui peuvent me faire du mal. Je n’ai pas confiance aux Tutsi car après la mort de mon mari, ils ont commencé à me rejeter, nous sommes venus ici, ils ont refusé de nous aider comme les autres même si avant nous étions les mêmes, nous avons laissé nos familles ici et pendant le génocide ils ont tous été tués mais au retour ils ont refusé de payer le minerval pour nos enfants, car le FARG n’acceptait pas. J’ai vu que eux aussi peuvent me faire du mal, ils ont commencé à me refuser pour chercher mon champ. Je n’ai pas non plus confiance aux Hutu car avec eux, nous vivons dans un climat de malignité, tu ne peux pas avoir la confiance aux gens qui ont exterminé ta famille. J’espère que peut-être je gagnerai ce procès. Ma situation économique est plus ou moins bonne, mon mari est mort il y a 4 ans, les biens qu’il m’a laissé ont continué à m’aider mais aujourd’hui il y a les membres de sa famille qui ont commencé à réclamer nos champ après sa mort. D’habitude je suis cultivatrice, quelque fois je vends les récoltes pour trouver l’argent à payer le cultivateur car moi-même je n’ai pas beaucoup de force. J’ai un enfant soldat depuis l’année 2003, qui me donne un peu d’argent pour payer le cultivateur, j’ai une autre fille qui m’aidait avant depuis l’an 2008 après avoir terminé le secondaire, elle trouvait quelques emplois temporels, cette année, elle aussi a commencé à étudier, elle ne me donne pas l’argent comme avant car c’est elle-même qui paie son minerval. En 2008, nous avons bien récolté, mon fils à continué à m’aider, et ma fille qui venait de terminer le secondaire eut quelques emplois. Même chose pour l’année passée nous n’avons pas bien récolté à cause du soleil. Je compte aller à la Banque Populaire pour demander un crédit afin d’acheter un moulin. Je souhaite avoir un bon avenir mais pour atteindre cet objectif, il faut qu’il y ait la sécurité totale dans le pays. Je souhaite aussi que je ne sois plus jamais réfugiée. En réalité, j’aurai un bon avenir lorsque tous mes enfants auront terminé les études. Ici chez nous [pour le moment, en 2011] il y a la sécurité, les gens passent la nuit sans guerres dans tout le pays même sur notre colline, il n’y a pas les rumeurs de guerre, la pluie tombe on a l’espoir de récolter dans peu de jours. Dans l’avenir je serai vieille, je ne sais pas comment je serai seulement peut être on va nous aider car nous sommes déjà sur la liste, j’espère qu’on va nous donner de l’aide. Je souhaite que ma vache grandisse et commence à me donner du lait et également que l’Etat donne de l’aide aux personnes plus âgées pour avoir les meilleures conditions de vie dans leur vieillesse. Je souhaite que ma fille termine d’étudier et qu’elle se marie pour que j’obtienne une vache lors de la dot. J’espère que ça sera comme je le souhaite car je ne peux pas souhaiter du mal. RURAL RWANDA – Interviews 2007-2011 (redacted & edited)Je suis né en 1940 à […], à cette époque, c’était la chefferie dirigée par […]. Plus tard, cette chefferie est devenue la commune […]. J’habite ici, à […], depuis 1974. J’ai fondé mon foyer en 1962. J’ai eu 11 naissances. 3 seulement sont encore vivants 2 fils et une fille. Réfugié au CONGO 1994-1996. Je préfère rester près de ma maison. Ce n’est pas parce qu’ici, il y a tout ce dont j’ai besoin. Je crains d’avoir des difficultés si je devais rencontrer d’autres conditions climatiques telles que trop de soleil auquel je ne suis pas habitué. L’on m’a emprisonné en 2006 durant 3 mois en avançant que je n’ai pas donné toute les informations lors des séances de GACACA.
En 1962, au moment de mon mariage, la population était moins nombreuse, il y avait assez de champs pour cultiver. A ce moment là, je pouvais avoir des greniers ; il m’arrivait d’avoir un grenier de petit pois, de maïs,…….. Dans les années 60, les gens étaient vraiment très riches. Tout homme qui avait un ménage était bien, avec des champs et même des vaches. Actuellement, les gens sont devenus très nombreux, la terre ne donne pas bien les champs sont très petits, et nous vivons très misérablement. Même l’Etat ne peut rien faire, il n’a rien lui aussi. J’ai fondé mon ménage en 1962, à ce moment là, ça marchait même si en 1963, mes champs ont connu un glissement de terrain et en 1966, le gouvernement s’était approprié mes champs pour la culture du thé, et on ne m’avait rien donné. La représentation politique signifie que l’autorité est pour toi, qu’elle peut t’aider pour résoudre n’importe quel problème. On donnait des parcelles et on ne donnait pas à moi. En 1972, mon ménage était vraiment bien, je pouvais louer une parcelle pour cultiver, je récoltais beaucoup de façon que je pouvais même vendre au marché. La situation a continué jusque dans les années 80. Après les années 80, la vie est devenue difficile, j’avais eu beaucoup de malades dans ma famille, c’était en 1984, j’avais eu même 2 morts, c’étaient mes enfants. L’autorité ne m’écoutait pas alors je faisais partie de la troupe de la commune. Depuis 1974, les champs sont emportés par les eaux, et le reste est occupé par le thé, surtout après avoir perdu mes champs qui étaient dans la vallée, et qui ont été confisqués par le gouvernement, pour l’extension de la culture de thé, je me suis converti à la maçonnerie. C’est la seule chance qui me reste pour pouvoir trouver de la nourriture et de l’habit à ma famille. Le maçon touche 2.000FRW par jour. Je me consacre à ce métier et les travaux de champ sont pour ma vieille femme. De 1992-1993, il y avait le MRND, et les autres partis qui causaient l’insécurité. En 1994, certains Hutu menaçaient leurs voisins, je me suis réfugié au CONGO, je pensais que les Tutsi pouvaient me faire du mal. De mon retour en 1996, je n’avais rien, je ne pouvais même pas louer des champs. Il m’arrive de manquer de sécurité comme en 1994 et 1998, quand j’ai perdu deux filles et 3 garçons. Le sentiment de sécurité signifie avoir la paix, ce qui veut dire n’est pas être malade, avoir à manger et pouvoir travailler. En 2000, je venais de perdre mes 5 enfants. Et devais m’occuper de leurs orphelins. Je n’avais pas assez de nourriture pour entretenir la famille (7 orphelins à la maison). En 2001, j’ai commencé à me remettre, je pouvais louer un petit champ et trouver un petit emploi de construction. Les gens se rejetaient la responsabilité de ce qui s’était passé. J’ai deux chèvres depuis 2008. Depuis lors j’ai vendu 4 caprins. La plus petite l’on a payé 5.000 et la plus grande 15.000. Les deux autres m’ont donne respectivement 6.000 et 11.000FRW. Je suis membre d’une association « ABANYEMPUHWE = MISERCORDIEUX » depuis l’an 2004. Nous nous occupons de pépinières et plantons des pommes de terre. Grâce à cette association, nous parvenons à accéder facilement au marché en louant en commun une camionnette pour le transport. L’accumulation des avantages parce que je cultive un champ que je ne loue pas. C’est encore plus facile de louer les champs à cultiver. Nous avons plus d’un hectare ensemble. J’ai eu aussi des opportunités de contrats de construction qui m’ont procuré du revenu. L’autorité commençait à bien fonctionner. En 2005, les Tutsi faisaient des réunions pour de faux témoignages. Il y avait des réfugiés de […] qui sont morts ici en 1994, on les a enterrés dans des fosses communes, c’étaient des malades et des vieux qui ne pouvaient pas marcher, au moment du déterrement des os, nous ne les avons pas déterrés car nous le savions. Par après, certains Tutsi ont commencé à dire que ce sont les leurs, on m’a demandé de dire ce qui s’est passé car j’étais NYUMBAKUMI [autorité local], on m’a alors mis en prison 2005 pendant 3 jours. Le maire actuel a mené une enquête, il est allé demander à celui qui dirigeait le poste la santé de la CARITAS, et lui avait confirmé qu’il y avait beaucoup de malades là bas. On m’a alors relâché. En 2006, la situation n’était pas bonne, mais ça marchait, au cours de cette année. Pendant les juridictions GACACA, sous l’impulsion des Tutsi, on faisait une forte pression sur moi dans la collecte d’informations jusqu’à m’emprisonner en arguant que je n’ai pas voulu fournir des informations que je détenais sur les massacres commis au village. J’ai été mis en prison pendant 3 mois. Ceux qui étaient mes amis parmi les Hutu ont pris de la distance. J’ai été en prison. Aucun membre de ces Hutu n’a voulu se soucier de moi. Le jury de GACACA était composé de Hutu qui exagéraient leur zèle, voulaient tout simplement me faire souffrir pour ne pas perdre la face devant les Tutsi qui plaidaient contre les massacres des leurs sans pour autant avoir les informations sur les meurtriers, j’étais un bouc émissaire. J’ai été mis en prison parce qu’on dit que je n’ai pas donné des témoignages alors que je n’étais pas là au moment des faits. J’avais mon père qui étais malade et j’étais parti le voir du 3 au 14/04/1994, vraiment au moment des faits je n’étais pas à […], j’étais à […]. Moi, ma fille et mes 2 Fils, nous étions en prison. Moi et ma fille (après 3 mois) étions libérés. Mes 2 fils restaient en prison. La fille était ma co-accusée parce que le Jury GACACA s’était prononcé à notre prétendu refus de fournir les informations sur les faits présupposés commis par mes voisins. Le jury trouvait comme une circonstance aggravante ma responsabilité à titre de NYUMBAKUMI [chef de dix maisons avant le Génocide]. En fait, un voisin Tutsi a été victime de génocide devant la porte de ma maison. Je n’y étais pas. Comme c’était moi qui ai enterré le cadavre, le jury a voulu à tout prix connaître les auteurs du meurtre. Je ne les connaissais pas. La même question restait sans réponse quand ce fut les tours de ma fille de répondre. Heureusement, après 3 mois en prison, les vrais criminels ont avoué leur responsabilité et m’ont déchargé du crime. Nous avons été libérés. Mes fils n’ont pas été emprisonnés sous le même chef d’accusation de responsabilité dans le génocide. Ils avaient commis la violence entre eux en se faisant entre eux des coups et des blessures. Le seul fait de se blesser et d’abîmer les meubles dans ma maison (j’étais en prison), ma femme (leur mère) a fait appel à la police. Elle a requis toute une année de prison aux bagarreurs. Ma femme regrette ce geste qui l’a poussé à endurer indirectement trop de peine à faisant chaque semaine (vendredi) un long trajet et très coûteux pour les approvisionner en nourriture dans la prison de […]. Nous avons dû épuiser toute les ressources (chèvres, réserves de nourriture…) parce que à cette époque nous étions 4 membres d’une même famille en prison. Ma vieille femme devait encore veiller à la vie de mes 7 petits enfants qui étaient très à bas-âge. Le plus grands avait 12 ans. Même aujourd’hui, c’est un grand problème de s’occuper de ces orphelins petits-enfants, je t’ai dit que j’ai eu 11 naissances. Les survivants sont 3. Mes 3 fils ont été victimes de la guerre. C’est ainsi que je garde leurs enfants. Etre à mon âge et s’occuper de 7 enfants (minerval, nourriture, habits,…) ce n’est pas facile. Ça n’a pas réellement affecté ma situation économique, de mon retour de prison en 2007, la situation restait la même qu’avant la prison car je vivais toujours de petits travaux d’agriculture ou de construction. La situation économique était très mauvaise, je n’avais pas assez de champs pour cultiver alors que je vis de l’agriculture. Je m’arrangeais pour avoir de petits travaux de construction, et ma femme aussi gagnait un peu d’argent comme ouvrière agricole. Un jeune homme a dit la vérité sur ceux qui ont eu le rôle dans le Génocide. Les tutsi ont vu clair dans son témoignage pour qu’enfin eux aussi se soient rendu compte que j’étais innocent. Le jury qui était composé des Hutu a redimensionné leur jugement de criminel sur moi, vu que les Tutsi connaissaient mieux la vérité des faits. En 2009, j’ai parvenu à acheter une parcelle dans laquelle je plante la pomme de terre (à 300.000FRW prix d’acquisition du champ). GACACA était en pleine investigation et l’on ne voulait pas que les anciens agents de l’administration aient à dissimiler les faits incriminés. La plupart de ceux qui étaient responsables, dans l’ancienne administration (Régime HABYALIMANA) ont été enfermés dans la prison. Je faisais parti des victimes de cette généralisation, ayant été NYUMBAKUMI (chef de 10 ménages). Nous avons passé trois mois en prison. La représentation politique c’est la défense de l’opprimé. J’ai le droit d’appeler à n’importe quel moment le vice -maire s’il y a quelques injustices contre moi. Mon cas vient de passer aux antennes de la Radio communautaire (…) en faisant l’éloge de ma part de vérité pour annoncer les informations correctes. La représentation politique est celle qui sait reconnaître le mérité des faits de leurs dirigés pour les encourager publiquement. Le Président de la République a pris le devant pour asseoir des programmes de développement tel que « GIRINKA », égalité de chance entre femme et hommes. La représentation politique a joué un rôle surtout en suivant de près les investigations sur les faits me reprochés. En 2010, sorti de la prison. Les faits qui faisaient objets de mon appel incessant devant les juridictions GACACA et la Police étaient de plus en plus clarifiés pour espérer des lendemains paisibles. En me référant à mon passé récent, j’étais en sécurité. Les autorités voulaient connaître ou les génocidaires ont enterré les Tutsi. Comme mes voisins avaient dressé leur maison sur les corps de victimes, et qu’à tout prix j’étais sous la pression de la Juridiction GACACA et de celle de rescapés qui voulaient réserver un cimetière digne à leurs membres de famille. Toutefois en sauvegardant les bonnes relations de voisinage avec mon entourage qui risquait de voir leur belle maison démolies, c’était comme si j’étais « IFI MU MAZI ABIRA = un poisson dans l’eau bouillante ». J’étais dans l’insécurité. Autant te dire qu’après tout, la sécurité est l’audace de dire la vérité. « UKURI GUCA MU ZIKO NTIGUSHYE = la vérité passe sur les charbons ardent et ne se brule pas ». L’on a démoli juste une maison. Le propriétaire bénéficie de frais de location de la part de l’Administration du District (5.000FRW par mois). La sécurité alors c’est la justice et le respect des droits. Le sentiment de confiance signifie que je peux vivre et croire à ce qu’on peut faire pour moi. Celui qui a la confiance se sent bien, il n’a pas de chagrin dans son comportement. La vérité est mère de la confiance. Ce sont des combines, des complots, des jalousies qui étouffent la confiance. Les gens qui se rendent des services construisent la confiance (prêt, emprunt d’argent). Je n’ai pas confiance aux menteurs, à ceux qui déforment la vérité. Ils ne peuvent rien faire de bien pour vous. Je n’ai pas confiance en des gens qui n’ont pas le sens de compassion avec ceux qui sont dans des situations difficiles telle que la faim, la maladie ou la prison. S’il y a quelques Tutsi qui persistent pour m’enfoncer dans la prison, il y a actuellement un grand nombre qui prend ma défense. Il y a juste une semaine mes détracteurs Tutsi ont fomenté un complot en répondant les fausses nouvelles qu’au lieu de montrer où leurs membres de familles sont tombés, j’ai joué le malin en montrant où mes fils Hutu ont été enterrés (juste dans la parcelle de mon voisin Tutsi venu du Congo, lui aussi qui était dans le même complot pour écarter la destruction de sa maison). Heureusement un grand nombre des Tutsi ont découvert le stratagème pour me défendre au cours de cette période « Mémoire du Génocide ». Parmi ce groupe des Hutu, il y a des signes plus manifestes de complicité et d’attente. Avant, ils m’avaient mis en quarantaine. Ils osent me l’avouer et me disant en toute sincérité qu’ils avaient craint d’être mis dans le même panier de criminels. Raison pour laquelle ils s’éloignaient de moi. J’apprécie qu’aujourd’hui ils essaient au moins de me prévenir quand il y a quelque chose qui ne marche pas à cause de mes détracteurs Tutsi qui inventent de faux crimes commis dans le Génocide. Certaines personnes d’ici ont la confiance les unes envers les autres, mais elles sont moins nombreuses. Je ne sais pas pourquoi, il n’y a pas assez de confiance, mais tout est peut-être dû à l’abus de confiance qui caractérise beaucoup de gens. Il y a certains gens à qui j’ai confiance, ce sont des gens dont je suis sûr qu’ils ne peuvent pas me faire du mal, ce sont des gens intègres. Actuellement, GACACA est fini, j’ai l’espérance que je ne serais plus à témoigner contre les voisins, les miens et à passer des mois dans la prison. Dieu m’a tiré du gouffre de GACACA. Je ne crains rien de pire ! Les Hutu ont pris ma défense au cours de cette semaine « Mémoire du Génocide » en grand nombre. C’était une calamité d’entendre que j’ai déterré mes fils à la place de dire ou les Tutsi victimes de Génocide ont été enterrés et que je voulais ensevelir les Hutu (mes fils) en toute dignité qu’ils déméritent parce qu’ils ont été INTERAHAMWE. La plupart des Tutsi comprendront mieux la réalité des faits pour m’exonérer de tout soupçon. Nous n’avons pas assez de terre à cultiver. Le peu de terre qui me restait dans le marrais a été confisqué par le Gouvernement. Toutes les étendues maraîchères ou dans les vallées sont exploitées à des fins de reproduire le thé destiné à l’Usine […]. J’ai perdu ces espaces en 1978 et les conséquences se répercutent à la vie actuelle. Pour planter soit la pomme de terre, le maïs, ou le haricot, je dois recourir aux locations chez les voisins. Selon que j’ai des moyens, il est possible de louer 2 ou 3 parcelles (une parcelle peut avoir 20m sur 40). Le prix de location varie entre 40.000FRW et 60.000FRW. C’est la culture de la pomme de terre qui est très rentable. Le maïs est aussi rentable mais il demande d’autres investissements en engrais. Le Gouvernement soutient ces deux cultures (pomme de terre et maïs). Nous portons notre choix à la pomme de terre parce qu’il a un marché en permanence et au prix intéressant. Elle me permet de manger, de vendre le surplus pour avoir encore du revenu pour louer d’autres champs. Si la culture du maïs restait le choix du Gouvernement, ma famille aurait à faire pour pouvoir louer prochainement les espaces à cultiver. Je deviens vieux. Je n’ai pas assez de force pour travailler. J’ai une grande famille de petits enfants qui doivent étudier alors que je n’ai pas de moyen de payer leur scolarité. Je souhaite avoir une parcelle car ça peut aider ma famille même si je ne suis pas là. Je ne pense pas que mon rêve peut se réaliser car ma force va en diminuant, je ne peux pas avoir le pouvoir de m’acheter une parcelle. L’avenir sera plein de problèmes. Les petits enfants surtout n’auront pas assez à manger. Je souhaiterais avoir au moins assez d’espace à cultiver. Je suis très loin de cette espérance. RURAL RWANDA – Interviews 2007-2011 (redacted & edited)Je suis née en 1963 dans l’ancienne Commune […], secteur […], qui plus tard est devenu le District […] et le Secteur […]. Je me suis mariée avant la guerre en 1987 à […], d’ici-là, il y a 30 minutes. Mon mari est décédé en 1994. Je n’avais qu’un choix pour sauver ma vie et trouver le refuge. Les génocidaires m’ont dit « prends et mets ton enfant devant toi et gagnes ton village puisque tu n’es pas du groupe que nous devons tuer !». Ils venaient de tuer mon mari. Depuis 1994, je vis ici avec ma vieille maman qui a 95 ans. J’ai quatre enfants.
En 1987, au moment de mon mariage, nous étions bien. Nous avions tout, des vaches, des champs, mon mari travaillait, il était maçon et pouvait donner de l’argent pour les ouvriers agricoles. Nous récoltions toutes sortes de cultures, nous ne manquions de rien, nous vivions en paix et nous avions un peu de tout pour nous satisfaire. En 1990, la guerre a commencé. En 1991, j’ai donné naissance à un enfant à Kigali, les médecins s’écriaient en disant que je donnais naissance à un serpent. Nous étions nombreux, nous pensions que rien ne pouvait nous arriver. Je ne savais pas de quoi il s’agissait quand on parlait des enfants serpents. La sécurité signifie la liberté dans tout ce qu’on fait. Celui qui a la sécurité est toujours content. Pour moi la sécurité veut dire la paix de l’esprit. Il faut transcender, dépasser les difficultés et ne pas verser dans le principe de la « dent pour dent et œil pour œil = IJISHO RIHORERE IRINDI ». Cela me donne la paix du cœur. Les gens devraient se repentir et se convertir parce que ce qui a eu lieu au Rwanda a été impulsé par l’orgueil. Les gens riches qui ont commis le génocide ont acheté la justice mais comme l’argent les pousse à faire d’autres crimes tels que la corruption, ils n’ont pas de sécurité. Ce sont eux qui ont finalement quitté le pays et vont en exil. Pour dire ce que c’est la sécurité, autant dire qu’elle est ce que j’appelle les bonnes relations avec ses semblables. La situation a continué comme ça, au moment des partis politiques, il y avait deux quartiers, […] était occupé par les gens du MDR, chez nous à […] il y avait le drapeau du PL, chez mon beau-frère qui s’appelait […]. Il a été tué pendant le génocide. Il y avait souvent des accrochages entre les jeunes de ces deux partis. A la mort du président du Burundi, en 1993, un certain […] du MDR (actuellement en prison) a officiellement dit qu’on allait faire comme au Burundi, là on tuait les Hutu et eux ils allaient tuer les Tutsi. En 1994, après la mort de Habyarimana, nous n’avons pas dormi. Nous avions un frère qui vivait à […], nous avons entendu des nouvelles disant qu’à Kigali on avait commencé à tuer les Tutsi. Le 10 avril 1994, nous nous sommes réfugiés à […]. C’était tout le monde, Hutu et Tutsi confondus. Moi et ma belle mère, nous sommes restées à […], les autres ont continué vers […]. Les autorités de base sont allées dire aux gens de revenir chez eux. De retour à […], on a commencé à tuer les Tutsi. Le premier de mes voisins est mort par balle, mon mari, lui, a été jeté dans la rivière. Mon beau-père et mes beaux-frères ont été tués différemment, les uns par des militaires, les autres par les voisins. On est venu à l’église de […] pour chercher les gens à tuer. C’est alors qu’on a pris plusieurs membres de ma belle famille pour aller les jeter dans la rivière. Les gens de […] qui nous avaient cachés nous fuyaient aussi. Vers 17h, j’ai entendu des cris d’un certain […], qui disait qu’ils avaient débusqué : il s’agissait de […], le cousin de mon mari. A ce moment, nous aussi, on nous a dit de sortir. Il y avait un certain […]. On nous a regroupés chez […], il y a quelqu’un qui passait, un certain […], qui m’a tirée de là, les autres qui étaient restés chez […] ont été conduits dans la rivière. J’ai continué à errer de maison en maison jusqu’à ce que le FPR prenne la région. J’étais enceinte, et je ne pouvais pas aller très loin. Je ne peux jamais avoir confiance aux Hutu, ils m’ont fait tellement de peines qui je ne peux pas leur pardonner. Le groupe des Hutu est celui qui a assassiné mon mari. Même avant le génocide, je n’avais pas confiance en eux. Le premier fiancé, et pourtant très riche, n’a pas pu me convaincre de vivre avec lui. La méfiance est plus que l’effet de la guerre. En 1959, les familles de mon père ont été brulées dans leurs maisons. Mon père a été ici étant comme un exilé. Il me disait que ce groupe était méchant. En 1994, j’ai été un témoignage direct de leurs forfaits. Après la guerre, la vie a continué avec les problèmes. ASOFERWA m’a construit une maison, mais ce n’est pas totalement achevé. Quand les enfants sont malades, je me débrouille, sauf que le FARG aide dans le payement du minerval. Le FARG aide convenablement ceux qui ont les leurs qui réclament pour eux ou ceux qui peuvent passer leur temps à s’asseoir à son bureau. Beaucoup de femmes ont eu leurs enfants traumatisés parce qu’elles ont attendu les aides et ne veulent pas travailler pour leurs enfants. En 2000, il y avait la famine dans le pays. Je me souviens qu’il y avait la famine dans ma famille et dans le village. Avec la politique du fonds des rescapés (FARG), j’ai eu l’espoir que mes deux fils allaient être assistés comme d’autres rescapés. En 2001, il m’était facile d’avoir 40 milles de revenu chaque mois. Je fabriquais la bière locale. En 2003, les autorités nous ont expliqué que mettre en prison tout le monde n’était pas une solution. Avant nous pensions le contraire. En 2005, la juridiction Gacaca me prenait trop de temps. Tantôt j’étais dans le jury, tantôt je devrais suivre les procès de la famille de mon mari victime du génocide. J’ignorais comment étaient les relations des gens ici. Il y avait ceux qui s’unissaient pour fuir le Gacaca ou pour des raisons économiques. Au Gacaca, quand nous jugions des gens, les accusés étaient récompensés parce qu’ils avaient avoué, quelle est la récompense pour des gens morts ? Est-ce qu’ils sont morts par la volonté de l’Etat ? Nous aussi nous allons accuser l’Etat. Il y a des criminels qui prenaient le fait d’avouer comme un simple jeu, qui disaient qu’ils allaient avouer et faire les TIG. Les gens qui ont tué les miens, quand je les vois, je fais semblant d’ignorer ce qu’ils ont fait. Quand on devait les juger, je me retirais pour ne pas me fâcher en étant dans le siège. Les accusés avaient acquit une expérience, ils savaient comment se prendre dans un procès, et comment avouer pour avoir une réduction de peine. Quand les gens ont confiance les uns en d’autres, ils s’entraident, se disent la vérité, se donnent des conseils. Il y a la cordialité entre eux. Ceci se manifeste dans les évènements de la vie qu’ils soient ceux de malheurs (funérailles) ou de manifestation de joie (mariage), ils se tiennent compagnie et ils manifestent leur présence matériellement ou moralement. Il est difficile d’avoir confiance aux gens de notre temps. Il y a des expressions telles que « TURI MURI SHUGURI= nous sommes dans la débrouillardise, dans l’affairisme » ou les autres disent « URUKUNDO RWARIMUTSE = l’amour n’est plus chez lui/soi ». Tout ceci, ce sont des alibis pour justifier qu’il n’y a plus de réciprocité d’amitié ni de confiance entre les gens. Comment avoir la confiance dans les gens qui n’ont plus la disponibilité de temps? La confiance signifierait l’amour profond. Mais pour moi, ce mot n’existe pas depuis le génocide. Quand il y a des cérémonies de mariages, on m’invite, je donne ma contribution mais le jour du mariage je ne sais pas ce qui m’empêche d’y aller. Je me rappelle que nous aussi, nous avions des filles et des garçons qui auraient pu célébrer leurs mariages et je n’y vais pas. Je me demande comment mon enfant va vivre et s’épanouir sans famille, mais je crois seulement en Dieu. En 2007, la situation économique se résumait en un mot : la pauvreté. Je vivais avec ma mère qui est tellement vieille qu’elle ne peut pas vivre seule. J’étais un Inyangamugayo [juge dans les juridictions gacaca], je ne savais pas si c’étaient des représailles mais on volait dans mes champs, quand je donnais de l’argent pour le travail, les gens ne voulait pas travailler pour moi. J’ai entendu dire qu’on allait donner des vaches, mais quand je suis allée voir on m’a dit que la liste était pleine, alors que j’avais commencé à planter des herbes pour le foin. Etre représenté, c’est avoir une autorité qui prête une oreille attentive. Etre représenté, c’est avoir le secours rapide quand il le faut. Aujourd’hui je n’ai aucun problème avec les autorités. Chaque fois que je compte sur elle, je trouve une réponse satisfaisante. La représentation politique signifie qu’il y a l’autorité qui veille sur la sécurité des gens. Pour moi, je n’ai aucun tuteur sauf l’Etat, je le dis souvent publiquement, celui qui est représenté se sent solide. Je ne connais pas de progrès. Il fut du temps où la récolte était bonne. C’est surtout vers les années 2008-2010 que ma situation s’est aggravée. J’avais la bananeraie qui me donnait 10000Frw cash sans compter que la banane était aussi une source formidable de ma nourriture quotidienne. En tout, il était possible d’évaluer ma récolte à plus de 20000Frw. Il y a eu les maladies de la bananeraie, je n’ai plus du fumier et le pire c’est que les voleurs prennent la nuit le peu qui devait me récompenser de l’effort que je fournis pour l’entretenir. Dans ma famille, j’ai un membre de ma famille lointaine, le cousin de mon beau-père qui ne veut pas que j’hérite de mon mari. Il s’est approprié en 2008 le champ qui était très utile. Il me permettait de récolter les maniocs, les patates et les haricots. Il m’est très cher de recourir à la justice. Chaque fois que les procédures de jugement exigent de moi les témoins. Le transport pour les amener me coûte beaucoup d’argent. Ces détracteurs font tout pour me priver même le statut de rescapé en vue de m’empêcher de bénéficier de l’aide que le fond de rescapé de génocide réserve aux victimes. Les rescapés disent que je ne suis pas des leurs. J’ai pourtant deux enfants dont leur père a été victime du génocide. Ils n’ont pas confiance en moi et moi non plus je n’ai pas confiance. Les rescapés ne m’acceptent pas dans leurs réunions. Ce qui me donne la force de vivre c’est que j’ai encore mes enfants. L’ainé vient de commencer l’université, il est en première année. La cadette, commence l’école secondaire. Dans 10 ans, j’avais les moyens de vivre. Même aujourd’hui j’ai encore quelques possibilités de vivre. Je parviens à boire la bouillie avec du sucre et à louer les travailleurs journaliers dans mes champs qui ne sont plus fertiles. Ces jours-ci, je me débrouille en achetant les bananes, j’en fais une bière locale qui me procure le bénéfice net de 50.000Frw. Voici la répartition : 20.000Frw c’est pour la nourriture ; 10.000 pour payer les travaux dans mes champs et le reste (20.000Frw) pour les dépenses scolaires de mes enfants. Je me heurte aux exigences et aux pressions des autorités de notre District qui veulent que je quitte mes champs. Ils avancent que nous devons nous conformer, moi comme tous les gens de mon village au plan de l’urbanisation. Je ne souhaite pas quitter ma parcelle. Finalement comme la pression de ces autorités augmente, je perds de plus en plus l’espoir de vivre dans la parcelle héritée de mes parents. C’est le droit du fort. Les gens de Kigali et d’autres riches en connivence avec les autorités ne veulent pas tolérer les maisons des pauvres. Chaque jour les autorités détruisent les maisons en briques adobes, ils veulent les briques cuites et les blocs ciments. Peu de gens ordinaires sont à la hauteur de ce plan qui semble ignorer que nous avons le droit de vivre. Je t’ai dit que la famille de mon mari a été victime du génocide. Dans la mienne, mes frères ont été présumés coupables d’avoir commis le génocide. Depuis 1995 jusqu’en 2007, je me suis préoccupé des enfants qu’ils avaient laissés sur le village. Les dépenses occasionnées pour approvisionner ceux qui sont en prison et les frais scolaires pour leurs enfants ont dépassés de loin celles que je réserve à ma famille. J’espérais qu’en payant les frais de minerval pour ces enfants, j’aurais la chance de les avoir un jour payé pour les miens. Ce sont trois qui ont terminé l’école secondaire, l’ainé vient de passer 8 ans au chômage, le cadet 4 ans et l’autre 3 ans. Actuellement je vis très mal, je ne peux pas comparer avec la situation d’avant le génocide ou celle du début de mon foyer. Quand on a quelqu’un pour t’aider et quand il n’y a personne, ce n’est pas la même chose. J’ai suffisamment de terres, mais pas assez de forces pour les cultiver. Ma parcelle est grande mais je manque de moyens pour la mettre en valeur. Aujourd’hui, il y a des rescapés qui n’ont pas la sécurité par ce qu’ils ont été achetés ou versés dans la malhonnêteté. D’une façon ou d’une autre, il y a des mauvaises conséquences qui se retournent contre eux, parce qu’eux-mêmes sont à la source de l’insécurité. On ne peut pas être heureux sans sécurité. C’est l’individu qui est lui-même la source de sa sécurité et finalement de son bonheur. Je ne trouve pas clairement certaines démarches du gouvernement Rwandais. D’une part, il m’arrive de penser qu’il a le rôle à jouer pour la sécurité sur notre colline. De l’autre part, il complique la sécurité des rescapés et les non-rescapés. La population rurale devient de plus en plus pauvre. En mettant en avant que ces pauvres doivent réparer les forfaits qui ont été ordonnés par un gouvernement génocidaire et en encourageant les rescapés de procéder aux recouvrements des dommages, le gouvernement Rwandais semble renforcer l’insécurité sur le village de deux groupes qui commençaient à se retrouver et à se réconcilier après que les juridictions Gacaca ont pris fin. Depuis 2000, j’ai la sécurité dans tout ce que je fais et je vis [mais] je pense que la réconciliation ne peut pas avoir lieu. Ils ont tué les gens, on les libère, ils rejoignent les leurs et continuent à travailler pour leurs familles, ils se développent et moi qui suis seule, je reste toujours derrière eux. Les enfants, eux, peut-être qu’ils vont vivre en harmonie car on n’enseigne plus cette haine qui a divisé les Rwandais, mais les adultes vont mourir avec leurs divisions. Il n’y a plus la vérité entre les relations humaines. Ils n’acceptent plus les conseils sages. Ils ont perdu des repères de valeurs. Ils aiment « l’avoir » plutôt que « l’être ». Il n’est pas facile d’avoir la confiance entre les gens quand ils sont matérialistes. Le pays est maudit, il n’y a pas de relations franches entre les gens, ce ne sont que des magouilles qui unissent les gens. A côté de nous, des rescapés ont oublié d’où ils viennent. Je connais les moments difficiles qu’ils ont traversés. Ce qui est étonnant c’est qu’entre eux, il n’y a pas de confiance à cause des disputes permanents entre eux à cause de ne pas se convenir sur le partage des biens laissés par les membres victimes du génocide. Les familles des non-rescapés se moquent d’eux et ce sont elles qui actuellement, ironie du sort, tranchent les disputes qui surgissent à chaque moment où il y a l’héritage, le partage ou le recouvrement des réparations des biens volés, ou abimés lors du génocide, c’est triste ! Les autres Tutsi rescapés ont commencé à avoir confiance en moi quand les procès ont commencé à cause de mes témoignages, avant c’était différent car j’ai des frères qui ont été mis en prison pour génocide. Parce que le matérialisme a remplacé la bonté et la générosité, la confiance est au bas de l’échelle des valeurs actuelles de notre société. Il n’est pas facile d’avoir confiance dans les gens parce que ça peut se retourner contre moi. Si on observe les disputes et les conflits, presque tous prennent racines prennent leur départ dans la confiance déçue ou ignorée. Je souhaite avoir une maison bien construite, des bailleurs pour réaliser mes projets et valoriser ma parcelle. On dit que les gens pauvres doivent quitter la route, j’habite tout près de la route car j’avais fuis les ruines de là où nous habitions, alors où est-ce que je vais aller vivre ? Les riches vont-ils me donner assez d’argent pour ma maison ? Je ne sais pas. Les riches de Kigali se conviennent avec les autorités et nous risquons de vendre nos parcelles pour qu’ils trouvent les parcelles dignes de leur fortune. Je ne pense pas que je puisse réaliser mon rêve, sauf si, peut-être, mon enfant termine l’école. Mais ce n’est pas lui qui doit supporter mes peines. D’une part dans l’avenir ma situation sera bonne. J’ai des projets. Je suis de nature optimiste. Il y aura aussi la paix. Les hommes seront capable de résoudre leurs problèmes en se respectant parce qu’il y a eu un bon leadership. En pensant qu’il y aura plus de divergence ça suscite d’autre part l’inquiétude pour moi « IYO INKA ZIRWANYE HABABARA UBWATSI = quand les vaches se font la guerre, c’est l’herbe qui en pâtit ». La variété des idées et la contradiction des intérêts conduisent aux conflits sans cet aspect des guerres et des conflits, demain sera bon. Heureusement, j’ai confiance au leadership actuel. Mais qui sait ce que l’avenir nous réserve! Mes enfants seront près de moi. Déjà mon fils ainé commence l’université. |
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November 2016
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